Questions autour d’une caricature d’Aylan

La caricature de Charlie hebdo d’AYLAN, l’enfant syrien mort sur une plage, a produit début janvier de si vives réactions, notamment de caricaturistes jordanien et palestinien qu’il y a lieu de questionner le sens de cette polémique.

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En voyant le dessin de Riss le père de l’enfant, toujours en état de choc, a pleuré et indiqué que le dessin était « inhumain et immoral ».
Sur les réseaux sociaux, la reine RANIA de Jordanie a publié le dessin d’un caricaturiste jordanien OSAMA HAJJAJ avec la même question que Riss « Que serait devenu le petit AYLAN s’il avait grandi ? » et la reine de répondre « AYLAN aurait pu devenir un médecin, un enseignant ou un père affectueux ».
Et le dessinateur palestinien de Syrie Hani ABBAS a exprimé son mécontentement en postant une photographie du petit garçon mort et poignardé dans le dos par un stylo à plume.

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Ce petit garçon serait-il mort deux fois ? Et la deuxième sous la plume d’un caricaturiste qui s’est amusé à mettre en image un stéréotype, somme toute assez banal, concernant les populations jugées dangereuses par certains. En effet les discours racistes, xénophobes ou antisémites sont porteurs, depuis la nuit des temps des projections de peurs des peuples, des groupes, des individus qui les profèrent : peur du vol et du viol notamment.
Lorsque nous savons que ce type de discours est un discours faux, nous nous donnons les moyens de ne pas le prendre au sérieux.
Or le dessin de Riss a touché au cœur une famille éplorée et une population stigmatisée, à cause des violences commises par certains d’entre eux. Et c’est parce que ce dessin renvoie à des situations réelles qu’il est blessant. Ce dessin fait alors violence à ceux qui le reçoivent comme un éventuel « discours vrai ».
Je trouve particulièrement sain que les personnes touchées par l’ironie et le mépris qu’ils perçoivent dans ce dessin, aient réagi. Le dessinateur de Charlie Hebdo saura-t-il entendre leur souffrance ?
Edith TARTAR GODDET