Depuis longtemps je rêvais de me rendre le premier dimanche de septembre à l’Assemblée du Désert pour y suivre le culte. j’idéalisais ce temps de rencontre, d’écoute et de partage sous les arbres. Cette année, ce projet a pu voir le jour car, étant maintenant installée à Montélimar, je ne suis plus qu’à 1 heure et demi de Mialet en voiture. Pierre et Chantal Hachet nous accompagnaient, étant venus de Saint Malo pour la circonstance.
J’ai été impressionnée par le nombre important de véhicules qui arrivaient sur le site du musée du Désert très tôt le matin. Nous étions déjà nombreux, une heure avant le culte, à nous installer dans une atmosphère bruyante et joyeuse. Autour de nous les participants se retrouvaient et se regroupaient. Certains d’entre eux ne s’étaient sans doute pas vus depuis l’année précédente.
Le public venu écouter le culte et les conférences est plutôt bien âgé. Les jeunes cependant sont présents sur le site où ils s’occupent d’organisation pratique et d’intendance : stationnement des véhicules, vente de cafés croissants, etc..
Ma première surprise concerne les sanitaires : celui que j’essaye d’approcher à 9h30 après une attente conséquente est impraticable. je suis stupéfaite. je n’ai pas pratiqué de WC à la turc depuis l’école primaire, il y a plus de cinquante ans! Et je m’interroge « comment un établissement recevant du public peut-il proposer des sanitaires à 7000 personnes qui ne correspondent pas aux normes en vigueur ? »
J’attends le temps du culte, installée avec mes compagnons sur des chaises pliantes. J’attends particulièrement que le silence se fasse pour, dans une atmosphère recueillie, accueillir les baptisés qui précèdent le temps du culte. Apparemment les baptêmes intéressent peu les personnes alentours car les discussions conviviales continuent bon train. Certes, nous ne voyons rien de là où nous sommes mais est-ce une raison suffisante pour ne pas écouter et ne pas se laisser interpeller par les paroles liturgiques de la pasteure qui officie ?
Le culte se déroulera dans la même atmosphère. Les bavardages, si désagréables en classe lorsque le professeur parle, ne cessent à aucun moment de la liturgie et de la prédication. Ils ne sont même pas, derrière moi, des commentaires de ce qui est entendu. Non durant ce temps de culte des personnes continuent leurs conversations privées. J’ai du mal à me concentrer pour entendre et écouter. Je suis déçue et ne participe pas à la sainte cène qui est organisée de curieuse façon : tous les participants empruntent les 5 ou 6 files qui descendent jusqu’aux pasteurs qui donnent la communion, à la chaîne ! Cela dure, dure et n’en finit pas ….
Je prends conscience que je suis venue en ce lieu avec des attentes : celles du recueillement, du silence partagé en souvenir des huguenots qui vénéraient la parole. Mes attentes déçues ici me renvoient à mes attentes dans le cadre professionnel : lorsque l’écart est important entre attentes et réalités, il n’y a place que pour la tristesse, l’agacement et la critique. Sans doute me faudra-t-il y retourner l’année prochaine sans y attendre quoi que ce soit, simplement pour le plaisir d’être là dans ce lieu de mémoire.
Edith Tartar-Goddet